Votation communale
Débat cordial mais tranché à la Fleurisia
Mardi soir se tenait, à la Fleurisia à Fleurier, le débat public organisé par les initiants et opposants à l’initiative visant à modifier le mode d’élection de l’exécutif de la commune de Val-de-Travers. Après des débuts timides, les échanges ont pris de l’ampleur au fil des 60 minutes consacrées.
Pourquoi glisser un oui ou un non dans l’urne le 26 novembre prochain au sujet de l’initiative de l’UDC et du groupe Agora souhaitant l’introduction de l’élection par le peuple du Conseil communal ? C’est pour cette question que les partisans et les opposants au texte soumis au vote, organisaient, mardi dernier à la Fleurisia, un débat public. En premier lieu, le journaliste d’ArcInfo Matthieu Henguely et modérateur de la soirée a accueilli la soixantaine de personnes ayant répondu à l’invitation et rappelé le cadre. Avec le système actuel d’élection, mis en place depuis 2008, l’exécutif communal est élu par les membres du Conseil général (CG), et sur les onze conseillers communaux élus (CC) depuis, tous étaient issus du PLR et du Parti socialiste. Et, toujours sous la forme de 3 PLR et 2 PS.
« Une formule magique à la sauce vallonnière », a imagé Matthieu Henguely en questionnant les débatteurs sur sa normalité pour lancer les échanges entre les initiants, Niels Rosselet-Christ de l’UDC et Thierry Ray du groupe Agora, et les militants du système actuel, le socialiste Frédéric Mairy et le PLR Quentin di Meo. Pendant un peu plus de 45 minutes, Niels Rosselet-Christ et Thierry Ray ont milité pour une meilleure représentativité des 7 partis présents au CG au sein de l’exécutif, argumentant aussi sur un véritable choix fait par le « souverain », soit le peuple et un allant donné au taux de participation. Tandis que leurs contradicteurs arguaient en faveur de stabilité, compétences, continuité et collégialité du CC et réfutaient fortement l’argument du boost de la participation, chiffres à l’appui.
Stabilité vs pluralité ?
Le débat mit une quinzaine de minutes à démarrer véritablement. Moments choisis : Niels Rosselet-Christ a relevé les étiquettes politiques de ses préopinants et noté « un conflit d’intérêt » et qualifié le modèle d’élection « d’une espèce de consortium », empêchant la pluralité. Le PLR, Quentin di Meo a, lui, mis en exergue « un système actuel qui a fait ses preuves », en louant le choix de personnes compétentes et de qualités, à même de travailler en collège. « Le modèle proposé est le plus défavorable pour la population, les institutions et la stabilité de notre commune », a-t-il ajouté.
Le conseiller communal, Frédéric Mairy, a recentré le débat : « Qu’est-ce qu’on recherche par le fonctionnement de l’exécutif ? », a-t-il déclaré en soulignant un présent système qui fonctionne bien, travaille dans la stabilité et permet d’inscrire une action dans la continuité. Ce à quoi, Niels Rosselet-Christ lui a rétorqué que ce n’était pas au CG de décider si « continuité » était le « maître-mot », et que seul le vote de la population était garantie de légitimité.
Le défi : trouver des candidats !
Sur la collégialité, Frédéric Mairy n’a pas manqué de faire part de son expérience, en notant une ambiance tendue et difficile de l’exécutif de Neuchâtel à l’approche des élections et rappelant qu’au Locle seul un membre actuel du CC a été voté par le peuple, alors qu’aucun dysfonctionnement n’est apparu à Val-de-Travers. L’argument de la hausse de la participation des initiants fut aussi mis à mal par le fait qu’une baisse similaire est constatée dans les communes ayant un exécutif élu par le peuple, comme l’a noté le modérateur Matthieu Henguely.
Puis, la réalité de la chose politique communale est revenue à l’esprit des débatteurs. Une élection par le peuple à la proportionnelle demanderait aux partis de trouver cinq candidats aptes et enclins pour ce poste. Pour les opposants, cela tient du défi compte tenu de la difficulté déjà de proposer des personnes au CG. Les partisans du texte notaient qu’il était du ressort des partis de trouver les bons profils, mais en admettant tout de même que la chose serait ténue. Après 45 minutes de débat, trois personnes du public ont questionné, et plutôt négativement, les rhéteurs sur le mode d’élection, la proportionnelle simple, choisi par les initiants. Pour ou contre, les deux parties proposaient aux personnes présentes de poursuivre la discussion autour d’un petit apéritif...
Gabriel Risold