Vous rêvez d’incarner une légende ? Et si on vous disait que c’est possible…
En 2020, le Centre culturel du Val-de-Travers (CCV) a fêté ses 40 ans dans l’anonymat le plus complet. Un virus appelé Covid lui a volé la vedette abruptement. Bientôt cinq ans plus tard, le CCV compte bien revenir en force sur le devant de la scène pour ses 45 ans ! Mieux que d’écrire sa propre légende, il va créer un conte musical sur une légende régionale connue et méconnue à la fois : celle de la vouivre. Et pour coller à la devise « pour le Vallon, par le Vallon », la population est appelée à jouer son rôle dans cette création mélangeant mythe et réalité.
Il y a quelques semaines, un appel avait été lancé dans le Courrier afin de trouver des choristes souhaitant activement prendre part au conte musical autour de la vouivre qui aura lieu les 7, 8, 9, 14, 15 et 16 février 2025. « C’est à ces dates que le Centre culturel du Val-de-Travers présentera sa création à la salle de spectacles de Couvet. Une quinzaine de personnes se sont déjà annoncées mais nous en cherchons encore d’autres pour intégrer cette œuvre participative », développe son président Olivier Pianaro. Le chœur se mettra à battre à partir du 21 septembre, date de la première répétition.
Budget : 2.50 francs par habitant
Depuis qu’il est né d’une volonté politique en 1980, le Centre culturel du Val-de-Travers a toujours essayé de rester sur une visée locale, privilégiant les projets « pour le Vallon et par le Vallon ». Avec ce conte musical, c’est aussi pour la population et par la population que ça fonctionne. Vous ne le savez peut-être pas mais l’État de Neuchâtel verse chaque année l’équivalent de 2.50 francs par habitant vallonnier au Centre culturel pour établir son budget (c’est 2 francs pour Les Verrières et La Côte-aux-Fées). Cela représente une somme annuelle d’environ 50’000 francs. « Cet argent est ensuite redistribué en fonction des besoins du moment aux cinq bénéficiaires que sont le ciné-club, la troupe des Mascarons, le Musée des Mascarons, Hors-tribu et les Évasions musicales. »
Saint-Sulpice au cœur de la légende
Les présidents de ces cinq entités siègent tous au comité du Centre culturel, ce qui permet une répartition harmonieuse des deniers étatiques. « En deux ans et demi de présidence, je n’ai jamais assisté à une foire d’empoigne au moment de la redistribution en tout cas », plaisante Olivier Pianaro. L’habitant de Saint-Sulpice n’a pas eu à chercher bien loin sa légende au moment d’en sélectionner une pour le conte musical qui célébrera les 45 ans du CCV. Selon les écrits d’époque, c’est Sulpy Reymond, un habitant de Saint-Sulpice, qui décida un jour d’affronter la vouivre qui terrorisait les habitants.
La nature fâchée, l’humain est-il responsable ?
Ce travail de recherche historique a été fait par le responsable artistique du conte musical, Steve Muriset, entièrement dévoré par l’idée. « Je me suis nourri des écrits existants mais j’ai également donné un aspect plus moderne à cette légende. Je ne voulais pas d’une créature méchante par nature. J’ai donc décidé d’écrire un conte en expliquant comment et pourquoi la vouivre était devenue féroce. C’est comme cela que je suis arrivé à cette femme qui s’est réfugiée dans un corps de serpent ailé à la suite d’une trahison. Si la nature est fâchée, je me suis demandé si l’humain n’avait pas une part de responsabilité là-dedans. » La réponse est évidemment dans la question.
Le retour de la vouivre approche…
Steve Muriset s’est aussi inspiré de faits prétendument attribués à la vouivre comme l’attaque de sauniers (marchands de sel) à l’époque. « La légende veut que la route du sel a été déviée par Buttes, en lieu et place de Saint-Sulpice, ce qui aurait précipité la ruine du village. » Le compositeur éclectique est un vrai passionné d’écriture musicale. Il aime aussi surprendre. Il a donc sauté de joie lorsqu’il a appris que la scène de la salle de spectacles de Couvet était dotée d’une trappe permettant de faire émerger sur scène des éléments de décor servant le conte musical.
Il bouillonne : « Nous avions trouvé une grande vouivre de 5 mètres que nous aurions pu utiliser. Hélas, elle est trop grande ce qui la rend difficilement manœuvrable. » En lieu et place, ce devrait être des marionnettes lumineuses et translucides qui vont égayer la scène en février prochain. La vouivre prépare son retour, vous êtes prévenus…
Kevin Vaucher