Voyage vers l’amour et l’inattendu !
La 31e édition de la brocante de la patinoire de Fleurier a vécu un week-end « plein ». Après une cuvée 2022 excellente, les organisateurs Marceline et Gilles Huguenin pensaient qu’il serait difficile de faire mieux. Et pourtant, l’événement a encore fait mieux ! Le « samedi noir » s’est presque transformé en week-end noir. Seule la matinée dominicale a été un peu plus calme pour les exposants qui ont unanimement été satisfaits par leur venue au Val-de-Travers. Quant à nous, nous avons chiné un peu et déniché quelques trouvailles hors du commun. Cette visite s’est transformée en beau voyage et le voyage valait le coup d’œil !
« Certains habitués disent qu’ils n’ont jamais vu autant de monde sur le week-end. » L’organisatrice Marceline Huguenin était satisfaite par l’attrait de sa manifestation qui se confirme année après année. Mais elle peinait à chiffrer avec exactitude l’ampleur de la marée humaine. « Peut-être 3500 à 4000 visiteurs sur les deux jours. Mais comme l’entrée est gratuite, c’est difficile d’être plus précise. » Le « tsunami », elle l’a vécu derrière son stand mais pas seulement. Avec son mari Gilles, ils ont dû ajouter quelques manutentions avec la vaisselle de la buvette.
De la vaisselle plein les bras
L’interdiction de la vaisselle jetable a forcé les organisateurs à louer de la vaisselle réutilisable auprès de l’Union des sociétés locales de La Brévine. Ce changement important n’a pas été entrepris sans quelques adaptations. « Cathy Huguenin et son équipe étaient 14 en cuisine. Soit deux de plus qu’habituellement. Nous devons desservir les tables désormais puisque les gens ne jettent plus leurs assiettes à la poubelle lorsqu’ils quittent la table. Il a aussi fallu laver cette vaisselle pour la réutiliser. Le samedi soir, on l’a entièrement retransférée chez nous pour la faire passer à la machine et la reprendre le lendemain pour la déposer en cuisine. » Une cuisine improvisée dans le vestiaire du CP Fleurier.
Acheteurs du samedi et promeneurs du dimanche
Les visiteurs ne se sont pas rendu compte de toute cette logistique et c’est sans doute le plus important. Les exposants non plus n’ont rien vu, trop occupés à jouer de la négoce avec les nombreux clients. « ça marche pas mal mais les acheteurs sont essentiellement venus samedi. Le dimanche, il y a beaucoup de promeneurs », rigolait le Neuchâtelois Guillaume au bagout inimitable. « Qu’est-ce que je vends ? Tout ce que ma femme Marlyse ne veut plus », plaisantait celui qui venait pour la dixième fois à la brocante fleurisane.
De la désalpe à la patinoire
Un peu plus loin, ce sont d’anciens visiteurs qui se sont mués, pour la première fois à Fleurier, dans la peau de marchands. Michel et Gilberte Sugnaux viennent de Bulle et ils plantent plutôt leur étals lors des désalpes habituellement. « On rénove de vieux potagers à bois de cuisine et on est également spécialisé dans les cloches. Lors des désalpes, on sait que le 70% des personnes présentes seront intéressées par notre stand. Ici, c’est plus généraliste, on est peut-être à 5%. Mais les visiteurs se sont montrés curieux et j’ai pris beaucoup de contacts. C’est positif », relate celui qui a toujours pour habitude de jeter un œil sur ce que proposent ses collègues le jour de l’installation.
Glisser un œil sous les draps
« ça permet d’avoir une idée de ce qui est proposé ailleurs et ça permet surtout de discuter avec les autres exposants. » Du moins quand les objets ne sont pas recouverts de draps, comme c’est souvent le cas un jour avant la brocante. « Ce n’est pas pour empêcher les autres de guigner mais pour lutter contre les vols. À certains endroits, il arrive que des intrus se faufilent entre les stands lorsqu’on s’installe pour tenter de chiper des articles. » Heureusement pour Michel, pour repartir discrètement avec une cloche, il faut déjà avoir un peu de métier. Ça ne court donc pas les rues, ni les brocantes. En parlant de course, arrêtons-nous deux minutes sur le stand d’un autre couple : Catherine et Patrick d’Estavayer-le-Lac. Ils se sont lancés « dans la course » des brocantes il y a très peu de temps.
Prix du « voyage » : jusqu’à 4000 francs
« C’est notre cinquième manifestation seulement. On fait ça par plaisir et on ne s’intéresse qu’à des objets qui sortent de l’ordinaire. » Un coup d’œil sur la droite et j’aperçois une magnifique horloge Jaeger Lecoultre, puis un phonographe de 1901 avec des cylindres en cire, puis une assiette Picasso puis une table un peu particulière. « Nous avons monté un verre feuilleté sur une plaquette Ferrari et un vieux moteur V8 de chez Ford. On l’a trouvé dans une vieille casse. On l’a nettoyé, sablé et repeint. » Le rendu est sublime et son prix est à la hauteur de son esthétique : 1850 francs. Et comptez 2500 à 4000 francs pour une Jaeger Lecoultre. Mais c’est aussi ça la brocante, sortir des codes et voyager à travers des objets aussi uniques qu’improbables. Merci pour ce voyage et à l’année prochaine. « On reviendra, c’est sûr », entendait-on à chaque coin de la patinoire. Un peu comme lorsqu’on se réjouit de repartir en voyage pour aller retrouver son amour de vacances…
Kevin Vaucher