Yurii, le réfugié ukrainien devenu youtubeur
Yurii est Ukrainien. Il est arrivé au Val-de-Travers en avril 2022 à la suite de l’invasion de son pays par la Russie. Ce solide gaillard de 50 ans est un ancien athlète de haut niveau. Il a été lanceur de poids et il était l’une des figures de « l’homme le plus fort » (World strongest man) dans les années 2000. À ce titre, il est passé plusieurs fois à la télévision. Aujourd’hui réfugié en Suisse, il a ressorti quelques images d’archives pour lancer sa propre chaîne YouTube (Forme physique et santé). Cette activité est loin d’être un simple passe-temps pour lui. Il nous explique pourquoi !
De son passé de sportif d’élite, Yurii en a gardé la carrure. Ses 193 centimètres et ses 119 kilos ne trompent personne. Surtout pas ceux qui le croisent au Val-de-Travers. Cette carrure, il essaie de la mettre au service de sa nouvelle vie en Suisse. « J’ai postulé pour des postes de déménageur, de jardinier et de quelques autres métiers physiques mais je n’ai pas encore eu de réponse favorable », esquisse-t-il.
Coach de jeunes malvoyants
Il faut dire que l’ancien sportif n’est pas du genre à rester les bras croisés. Il déteste ça. En Ukraine, il travaillait au sein d’une institution sportive qui œuvrait auprès de jeunes adultes et d’enfants aveugles et malvoyants. L’une de ses élèves a même décroché un titre de championne d’Ukraine dans sa discipline. Lui, il a pris part à plusieurs compétitions internationales dont les Mondiaux juniors lorsqu’il était lanceur de poids. Une autre époque ! Depuis un an, Yurii investit une large part de son énergie dans l’apprentissage du français. « Je suis des cours intensifs tous les après-midi de la semaine à La Chaux-de-Fonds », explique-t-il dans un français parfois hésitant mais parfaitement audible.
Des vidéos pour muscler son français
Nous l’avions rencontré il y a quelques mois déjà et les progrès qu’il a faits sont vraiment parlants. « Je comprends beaucoup de choses mais j’ai besoin de parler davantage pour progresser plus vite à l’oral. » C’est ce qui l’a poussé à devenir youtubeur. « J’écris des scripts pour mes vidéos et cela m’oblige à parler en français. » Il pose sa voix sur des images sportives d’archives ou sur des images actuelles qu’il filme lui-même. « Je fais des tutos d’exercices sportifs où je donne des conseils pour atteindre différents objectifs. Le plus difficile est de monter la vidéo sur un logiciel. C’est nouveau pour moi mais j’aime apprendre », dit celui qui n’a pas l’intention de concurrencer les stars de YouTube comme Squeezie ou Tibo InShape.
« Je veux aider où je peux aider »
Faire ses vidéos est aussi un bon moyen de se vider la tête et l’esprit. « Mes journées sont longues à côté des cours de français. J’aimerais travailler. Dans le sport ? Pourquoi pas, c’est une possibilité. J’essaie actuellement de faire reconnaître en Suisse mes diplômes ukrainiens. Ça avance », s’encourage-t-il. « Je veux aider où je peux aider. » Pour le moment, c’est dans la salle de sport de la patinoire de Fleurier, qu’il fréquente trois à quatre fois par semaine, que l’ancien lanceur de poids jette de temps en temps quelques conseils aux plus jeunes. Un allié de poids pour ceux qui souhaitent muscler leur corps pendant qu’il muscle son français.
Kevin Vaucher